Montagnes en Couleurs: L'Aiguille Verte du Chinaillon (2045m) ou presque depuis Petit-Bornand les Glières (La Ville 899m)

Aujourd'hui, j'avais décidé de faire une petite excursion dans ma Haute-Savoie natale pour ma rando.
Je voulais faire le Lac de Lessy en raquettes.
Je m'étais levée à 5h du matin pour pouvoir arriver bien tôt avant que la neige ne soit trop transformée (en cette saison de fonte, ça peut devenir assez dangereux de redescendre trop tard dans l'après-midi).
Et oui, j'étais bien motivée et j'avais tout prévu pour cette rando...
Seulement, rien ne s'est passé comme prévu aujourd'hui, et je peux dire que j'en ai bien bavé...

Déjà, au moment d'arriver au Parking où j'aurais du me garer, je vois que ce dernier est verglacé. Je me dis qu'après tout, ma voiture a 4 pneus neiges et qu'elle a déjà été sur du verglas, donc j'y vais quand même... Grave erreur ! J'avais oublié le petit détail que ce Parking précisément était en pente et que ma voiture n'ayant que 4 chevaux et commençant à se faire vielle, ne peut gravir des pentes trop raides, d'autant plus lorsqu'elles sont verglacées... Là, ça a vraiment fini faillir en catastrophe... J'ai beau accélerer, la voiture ne veut rien savoir et recule de plus en plus en direction du ravin (oui, je ne sais pas qui a eu la bonne idée de construire un parking juste à coté d'un ravin, sans barrières de protection...). Heureusement, en tirant le frein à main à fond, elle finit par s'arrêter... à 5cm du bord du ravin, retenue par une grosse pierre qui était sous les roues... Donc, voici la situation: pas moyen d'aller en avant (elle ne peut déjà pas avancer à cause de la pierre, et si j'avance je me retrouve sur le verglas qui la fera reculer dans le ravin...), ni moyen d'aller en arrière (le ravin !). Je commence à paniquer mais me dit que peut-être qu'en descendant à pieds vers les fermes, je rencontrerai des gens qui pourraient m'aider... Bon, à 8h y'avait pas un chat... Heureusement, j'aperçois un Gite d'étape, et me dis qu'il y'aura forcément des gens là-bas. J'y suis donc allée, en leur demandant s'ils pouvaient m'aider... Coup de bol, je suis tombée sur des gens super sympas qui m'ont déjà un peu remonter le moral en me disant que j'étais pas la première à qui ça arrivait, et qu'à chaque hiver y'en avait plein qui se plantaient là à cause du verglas (d'où l'idée de saler les parkings qui pourraient être à élucider, mais je ne me fais plus d'illusion sur ça, je crois que la Haute-Savoie a définitivement laisser tomber l'idée de saler et déneiger en hiver depuis quelques années...). Bref, ils ont réussi à me sortir de là à coup de chaines et de poussée de voiture...
J'ai donc pu me garrer normalement un peu plus bas. Mais je sais vraiment pas ce que j'aurais fait sans eux !

La journée commençait déjà bien... Manqué d'avoir un accident... Départ avec une demie-heure de retard...
Je me dis que ce n'est pas grave, que je vais quand même passer une bonne journée...
Je pense que si j'avais été dans une série télévisée, on aurait pu mettre des fous rire derrière cette scène d'optimisme...
Les premiers mètres avaient bien commencé en sous-bois... C'était bien agréable même s'il n'y avait pas encore de neige à 900m. On peut dire que ça s'est bien passé jusqu'aux Ravières, à 1200m. Ensuite, ça a commencé à être un gros foutoir... Je vois un sapin en travers de la route, je me dis "pas grave, on va l'enjamber", ça arrive souvent qu'un sapin soit tombé sur un itinéraire de rando à cause de la neige trop lourde ou du vent... Encore la dernière fois j'en ai eu deux sur mon chemin... Alors je ne me suis pas inquiétée et je l'ai enjambé... Sauf qu'à partir de ce moment, j'en ai croisé un tous les 10m ! J'ai commencé à me dire qu'il y'avait quelque chose de louche avec cet itinéraire... Le pire, ça a été à deux endroits très délicats. Il y'avait visiblement eu des coulées d'avalanches il y'a un petit moment je pense parce que la neige était très dure, et même glacée par endroits. Et à ces deux endroits, comme si traverser une coulée d'avalanche gelé au-dessus d'un ravin ne suffisait pas, il y'avait des sapins qui barraient le passage ! Imaginez la scène... Devoir passer sur une coulée d'avalanche glacé entre les branches des sapins (qui bien sûr n'étaient pas des petits sapins fragiles, mais des gros sapins qui visiblement, à par le fait d'être tombés avaient l'air en pleine forme... ça aussi c'était étrange, mais vous aurez l'explication après...).... en évitant si possible de tomber dans le ravin... Bref...
Quelques mètres, pardons, je voulais dire quelques sapins, plus loin, je compris enfin la signification de ce gros merdier (excusez moi de l'expression, mais c'en était vraiment un !), quand je vis un panneau "Exploitation forestière, Danger !)... C'est malin de mettre le panneau une fois qu'il n'y'a plus de sapins... Ils devraient faire pareil avec le code de la route "Attention, il y'avait un virage dangereux...", sauf qu'il faudrait mettre le panneau dans le talus à ce moment là... Vous me direz, faire de l'exploitation forestière sur un itinéraire reconnu de rando, c'est pas fut-fut non plus, mais je leur en veut pas... Je pense que c'est le même malin qui a eu l'idée de faire un Parking près du ravin tout à l'heure et de ne pas le saler l'hiver... C'est un petit génie celui-là !

Malgré ces déboires, j'arrive quand même aux Chalets de Mayze, à 1476m. Là, la vue est bien sympa. Je suis donc les balisages rouge et blanc du GR pour passer par le Col de la Forclaz et arriver au Lac de Lessy... ça va, jusqu'à un panneau qui indique quatre directions différentes: le lac de lessy, le col de la Forclaz, l'Aiguille Verte et le Chinaillon par l'Aiguille Verte. Le petit problème c'est que les quatre flèches allaient dans la même direction, alors que l'Aiguille Verte et le Chinaillon sont à l'opposé du col et du Lac de Lessy... Je cherche donc les balises rouges et blanches, mais en vain.
J'ai pas eu de chance sur ce coup là, parce que contrairement à la semaine dernière au Lac du Crozet, il n'y avait personne comme randonneur, pas même un skieur pour m'aider. J'étais la seule sur cet itinéraire à cet heure là... Du coup, j'ai suivi d'anciennes traces de raquettes et de pas qu'il y'avait déjà.
Je suis montée assez haut, jusqu'à un point où il n'y'avait plus de neige et où la pente devenait très raide. C'était de l'herbe sèche et il n'y'avait aucun sentier de formé que j'aurais éventuellement pu suivre. J'ai donc suivi la pente raide "à l'arrache", c'est à dire, je suis allée tout droit, comme il n'y avait pas de sentier et que de toute façon ça semblait aussi raide de tous les côtés... ça a été un passage assez dur parce que je n'avais que mes chaussures de neige pour la raquette, et qu'elles ont deux fois moins de crampons que mes chaussures de rando habituelles... Je glissais sur l'herbe au fur et à mesure que je montais... Et encore, c'était rien par rapport à la descente que j'ai fait après... j'ai quand même continué, jusqu'au sommet quasiment de la montagne, que je prenais pour le Col de la Forclaz... mais qui était en fait l'Aiguille Verte ! Le problème, c'est que juste avant d'arriver au sommet, je n'ai pas pu continuer car il y'avait de grosses plaques de neige qui étaient déjà bien fondues (du coup, pas assez profondes pour enfoncer les raquettes mais assez pour glisser dessus et tomber dans le ravin). Assez gênant, je vous l'avoue... J'ai donc renoncé à gagner le sommet, même si je ne le fais jamais habituellement. Je vous avoue que sur le coup j'étais bien ennervée, mais je me suis dit que c'était pas la peine d'aller plus haut si c'était pour glisser et tomber dans le ravin...
Je me suis donc installée et j'ai pique-niquer dans la pente... C'est cool une gourde qui dévale la pente quand on la prend...

Après ce repas frugal, j'ai entamé la descente, qui n'a pas été une partie de plaisir... Je vous avoue que descendre une pente très inclinée d'herbe sèche avec des chaussures de neige encore un peu humides n'est pas forcément la meilleure idée... J'ai glissé plusieurs fois et me suis retrouvé des bonnes dizaines de mètres plus bas... Heureusement, il me restait un des batons, qui m'a permis de me retenir un peu (et oui, je vous l'avais pas dit, sur un coup de Sapin + coulée avalancheuse glacée, j'en ai perdu un des deux dans un ravin, mais je n'avais pas trop envie d'aller le chercher...).

Je suis finalement arrivée aux Chalets de Mayze et j'ai pu continuer ma route du retour.
La suite est connue, ça a été des "enjambées de sapins sur coulées de neige glacée", presque le nom d'un délicieux déssert... Je crois que j'ai jamais autant enjambé de sapins dans ma vie...
C'était une randonnée très... résineuse !

On ne peut pas vraiment dire que j'ai apprécié cette randonnée, j'ai été frustrée de ne pas pouvoir aller au Lac et la plupart du temps je n'ai fait qu'enjamber des sapins... Mais bon, j'ai quand même pu prendre quelques beaux clichés...
...et j'ai appris une chose, maintenant je suis une vraie Grenobloise d'adoption ! Hé oui, ici au moins il n'y a pas d'exploitations forestières sur les GR et autres chemins de rando, les routes sont déneigées et les itinéraires mieux balisés...
Moins humoristiquement, la randonnée que je voulais tant faire m'a en fait permis de voir que je préferais largement l'ambiance du massif de Belledonne, que je trouve vraiment magique. C'est tellement différent ! En Belledonne on a vraiment l'impression d'être en haute-montagne et d'être au bord de l'alpinisme, même si la plupart des sommets ne sont pas au-delà de 2900m... Là, j'avais plutôt l'impression d'être dans des alpages ou en sous bois, même si c'était difficile à cause des quelques perturbations citées...